Une sale affaire - Chroniques d'un contrebandier

(HRP Cette série de récits fait suite à l'event du 9 Février et vous retrace l'aventure du point de vue d'une des plus grandes gueules de la flotte républicaine. Pour comprendre les motivations du personnage je vous invite à lire son background sur le forum des Corsaires et à garder en tête que ses principaux moteurs sont la culpabilité et un besoin irrépressible de venir en aide aux autres. Bonne lecture et n'hésitez pas à faire des commentaires !).


Il les avait rencontrés il y a quelques temps, un étrange duo qui avait bien rapidement éveillé sa curiosité. Lui, Hintonn, un Jedi de la vieille école, qu'il aurait presque pu apprécier s'il n'avait pas été un membre de l'Ordre. Du genre à respecter le Code, à avoir des valeurs, à suivre une éthique et une morale de vie strictes, le genre de Jedi qui depuis le repeuplement de l'Ordre devenait plutôt rare. Elle, Diämant, une Mirialanne à la beau de bronze et aux yeux dorés, jolie comme un coeur et avec un caractère à faire pleurer un Rancor. Et pourtant, elle semblait bien loin des canons habituels de la contrebande, affichant une soumission au Jedi que Garm avait bien du mal à comprendre. Elle allait jusqu'à l'appeler "Maître", un concept qui révulsait profondément le truand de l'espace qui chérissait sa liberté plus que tout. Ou presque. C'est en fait davantage cette relation qui attisa la curiosité du contrebandier que les personnes elles-mêmes. Personnes qu'il allait apprendre à connaitre et apprécier.

Comme souvent, il se retrouva à filer des coups de mains, sans trop savoir pourquoi d'ailleurs. Ca devenait une vilaine habitude de se mêler aux histoires des autres à cause d'une jolie gueule ou d'un sourire mutin, mais soit, le voilà qui s'était lancé dans l'aventure, sur un coup de tête. Au fond, le Jedi, il s'en cognait comme de son premier comlink, mais Diämant, c'était une autre histoire. Pour une raison qu'il ignorait il ressentait un profond besoin de l'aider. Quelque chose clochait, mais quoi? Sa curiosité le poussait à vouloir comprendre, et sa sale tendance à vouloir sauver tous les êtres en souffrance qu'il croisait était une autre motivation. Bon... Faut aussi avouer que c'est aussi un joli brin de fille.

Assez rapidement, le contrebandier réalisa que cette affaire sentait mauvais, très mauvais. C'était rempli de sith sournois et machiavéliques comme une expédition sur Ord Mantell allait le lui prouver. Si un truc le mettait bien en rogne dans la vie, c'était cette fichue Force. Garm tendait à détester tout ce sur quoi il n'avait aucune emprise et la Force en faisait partie. Aussi sensible qu'un caillou ou une feuille fossilisée, Garm ne comprenait rien à toutes ces histoires, du moins c'est ce qu'il avance à qui veut bien l'écouter. En vérité, il comprend le phénomène mieux qu'il ne le pense mais il n'avouera qu'à demi-mots que la Force l'effraye, à ses yeux, la Force entre les mains d'espèces comme la sienne, c'est un peu comme un mortier dans les mains d'un simple d'esprit : tout peut très bien se passer, mais la puissance peut monter à la tête et alors ce sont les autres qui payent les pots cassés.

Leur escapade sur Ord Mantell achevée, il n'en savait guère plus. Hintonn s'intéressait de très près aux sith, Diämant ne les aimait visiblement pas. Et tout ce petit monde cherchait des réponses à des questions qu'il ne connaissait pas. Ou en tout cas qu'il ne souhaitait pas connaitre alors.

Son contact ne répondait plus depuis plusieurs jours. Le contrebandier était irrité, la marchandise était essentielle, les habitants des quartiers occupés de Correlia avaient un besoin impérieux d'armes pour lutter contre l'occupation et il voulait les leur livrer. Mais difficile quand la cargaison se perd sur Tatooine et que son intermédiaire ne donne plus signe de vie.

Faisant appel à toutes ses relations présents sur l'immense tas de sable, Garm réalisa rapidement que la fréquence des attaques Tuskens avait fortement augmenté. Ils allaient jusqu'à s'en prendre à des fermes d'humidité isolées, à attaquer des convois ou des voyageurs solitaires eux qui se contentaient habituellement du fruit de petites rapines sans conséquences. Bien décidé à comprendre le fin mot de l'histoire, le contrebandier se rendit sur Tatooine où il tomba, parfaitement par hasard, sur Hintonn et sa bande, visiblement eux aussi décidés à élucider l'étrange mystère qui régnait autour de cette affaire d'attaques. Plus on est de fous, moins y'a de Ryll, mais qu'à cela ne tienne, le voilà qui accompagnait les membres du Cartel Républicain jusqu'à un canyon isolé.

Sur place, ils eurent à affronter un petit groupe de Tuskens, désorganisés, mal armés, mal entrainés, le combat fut rapide et sanglant, laissant rapidement le groupe d'Hommes des sables sur le carreau. Mais dans sa trop grande assurance, le contrebandier avait failli provoquer un grave accident en faisant un faux mouvement lors du lancé d'une grenade thermique qui avait roulé aux pieds d'Hintonn. Enfin... faux mouvement ou jalousie?

Pour Hintonn, il semblait évident que les aliens étaient responsables des attaques. Le contrebandier restait dubitatif : un groupe aussi mal organisé et sans aucun chef pour les diriger ne risquait pas d'être celui qui menaçait son "commerce". Décidé à comprendre ce qui se passait, Garm abandonna la petite troupe et leurs quelques prisonniers à leur interrogatoire pour faire appel à ses propres ressources, il devait retrouver ses armes.

INTERLUDE
TU VEUX MON DOIGT?

Cela faisait maintenant plusieurs soirs que Garm retrouvait Diämant à la cantina de la flotte. Un constat s'imposait : quel foutu caractère ! Pas à hésiter, ils se détesteraient ou s'adoreraient ces deux là. De son côté la coéquipière de Garm, Helizandra, le taquinait vertement au sujet de son intérêt pour la Mirialanne, et Garm affectait, bien pitoyablement, de n'avoir qu'une curiosité toute professionnelle.

Mais là n'est pas la question. Comme d'habitude, Hintonn joua l'intrus, réclamant la présence de Diämant à son bord pour des "entraînements". Des entrainements ! Mon oeil ! Le contrebandier bouillait intérieurement à chaque fois, se maîtrisant avec peine à chaque fois que la jeune femme suivait docilement le Jedi. Oh, bien sûr qu'elle protestait, mais ça ne l'empêchait jamais de le suivre en fin de compte.

Une fois Hintonn dans les escaliers suivi de son "apprentie", le contrebandier le gratifia d'un magistral geste obscène. Ce qui lui valut des regards noirs de la part des autres habitués : la correction voulait qu'on respecte et honore les Jedi. Mais Garm se contrefoutait de la correction.

EPISODE 2
DE BIEN SOMBRES SECRETS

Elle était ivre et folle de rage. Elle invectivait Hintonn, elle menaçait Garm, hurlant à tue-tête au milieu des consommateurs de la cantina de la flotte qui tentaient de se tenir à l'écart, visiblement effrayés par le comportement de Diämant. Garm tentait de la calmer de son mieux. Son mieux qui se caractérisait par une maladresse crasse et un comportement pour le moins abrupt.

Finalement, il fut décidé qu'Hintonn accompagnerait la jeune femme jusqu'à son vaisseau où il s'occuperait d'elle. Une histoire de Force, encore. Protégeant les arrières du duo, le contrebandier faillit provoquer une bataille rangée avec trois autres clients, mais, fait exceptionnel, pour une fois il réussit à conserver un peu de son calme et la situation ne dégénéra pas. Pas trop.

Décidément, ces affaires de Force le frustraient. Son impuissance face à celle qu'il considérait déjà comme une nouvelle amie le mettait hors de lui. Incapable de l'aider, il ne pouvait qu'être spectateur d'évènements qui le dépassaient. Il haïssait les Jedi pour leurs pouvoirs et l'utilisation qu'ils en faisaient. Mais il se détestait encore davantage de ne pas avoir ces pouvoirs pour faire ce qu'il pensait juste. En fin de compte, heureusement que le contrebandier était tout sauf sensible à la Force : son tempérament, sa volonté de lutter contre toute forme d'injustice n'auraient pu le mener qu'à la frustration et certainement au côté obscur.

C'est finalement peu de temps après qu'il appris enfin le fin mot de l'histoire. Au cours d'une journée troublante, la jeune femme lui confia de terribles secrets sur son passé. Pour la première fois, il comprenait tout, certains de ses doutes étaient même confirmés. Enfin il comprenait pourquoi Hintonn, pourquoi cette "soumission", pourquoi ces entrainements. Pour la première fois de son existence le contrebandier se confia sur quelques pans de sa vie misérable et honnie, lui livrant la vérité sur les "on dit" qui courraient sur lui.

Le reste de la journée et de ses évènements n'appartint qu'à eux.

INTERLUDE
PROPAGANDE

Le quartier populaire de Corellia était bondé comme d'habitude à cette heure avancée de la matinée. Des citoyens erraient dans les rues et ruelles au milieu de bâtiments en ruines à la recherche d'un peu de nourriture alors qu'au loin résonnaient le claquement sonore des blasters et des armes cinétiques. Un bourdonnement semblait étouffer les sons des combats qui se déroulaient un peu plus loin, bourdonnement qui allait crescendo et s'enflait de plus en plus. Déjà, quelques curieux levaient la tête. Dans un hurlement strident un cargo XS rasa le quartier, titanesque oiseau de métal dont la livrée or et sang resplendissait au soleil, poursuivi de près par deux chasseurs impériaux. Le bruit était assourdissant, tous plaquèrent leurs mains sur leurs oreilles pour étouffer cette infernale cacophonie. Soudain, aussi vite qu'ils étaient venus, les vaisseaux disparurent vers l'horizon, une titanesque explosion retentit et rapidement le bruit se mit à courir qu'un des chasseurs avait été abattu juste au-dessus d'un campement impérial où ses débris avaient causé d'importants dégâts. Alors que le silence retombait, un bruissement incita les passants à lever la tête. Une étrange pluie se profilait : une incroyable quantité de simples feuillets tombait doucement dans le ciel bleu, ballottés par la brise. Gaavin était affamé, il n'avait rien mangé d'autre que des ersatz en tube depuis des lustres, mais la curiosité prit le dessus, et alors qu'il se penchait sur un des documents tombé devant lui, il y lut :

Citation :

Alors que les armées républicaines sont clouées sur leurs positions par un traité contre nature ! Alors que les Jedi luttent dans l'ombre contre la menace Sith ! Votre cœur s'emplit d'amertume tandis que vous vous sentez délaissés, abandonnés.

Mais ne désespérez pas ! Les citoyens de la République n'auront de cesse de lutter, nous ne vous abandonnerons jamais ! Chaque jour des héros émergent des populations oppressées ! Une flotte impériale a été mise en déroute par une flottille de fortune composée de héros anonymes en orbite de Balmora ! Sur Corellia la Résistance n'a jamais été aussi vivace et remporte chaque jour des victoires décisives sur l'occupant impérial ! Sur Nar Shaddaa, les cartels s'organisent pour immobiliser les forces de l'Empire dans les rets d'un filet qu'ils ont eu la bêtise de sous-estimer ! Chaque jour, d'audacieux capitaines indépendants bravent les blocus impériaux pour vous apporter vivres et fournitures médicales. Ils n'attendent qu'un mot de votre part pour y ajouter armes et équipements militaires !

L'occupation ne compte pas ! L'Empire ne compte pas ! Vous restez Citoyens de la République ! Que l'espoir emplisse vos cœurs, que le courage anime vos actions ! Chaque jour des soulèvements éclatent aux quatre coins de la galaxie, il ne tient qu'à vous d'en faire partie, il ne tient qu'à vous de vous dresser contre l'oppression et la tyrannie impériale ! Le jour où des civils deviendront des héros est venu et l'Histoire se souviendra de vous comme de ceux qui ont osé cracher à la face de l'Empereur en personne !

Face à votre détermination, face à votre courage, face à la justesse de vos actes, les armes de l'Empire seront impuissantes, levez-vous ! Que votre vie qui est déjà un combat pour la survie se mue en une lutte acharnée pour sauvegarder tout ce qui vous est cher !

Pour la République ! La liberté par les armes !

Relevant la tête, le jeune homme regarda autour de lui, abasourdi, les passants qui l'imitaient et lisaient les documents. Des gens sortaient des ruines adjacentes pour essayer de comprendre ce qui venait de se passer avant, eux aussi, de s'emparer de ces feuillets. Pas de hurlements de joie ou de tumulte, pas d'émeute, pas de soulèvement héroïque ce jour là, ça n'arrivait que rarement. Mais Gaavin remarquait quelque chose de différent dans le regard de ceux qui l'entouraient, une lueur qui avait disparu depuis trop longtemps, une lueur d'espoir. Alors qu'il sentait sa poitrine se gonfler d'un sentiment qu'il croyait oublié, le jeune homme porta un regard nouveau sur cette rue. Finalement, c'était une bonne journée qui se profilait. Et partout dans le quartier, la graine de l'espoir fut plantée, dans de nombreux cœurs, allumant des milliers de foyers.

Bientôt les habitants se réuniraient pour trouver des moyens d'améliorer leur quotidien. Bientôt ces minuscules foyers enfleraient, en allumant de nouveaux, en s'alimentant mutuellement. Bientôt un implacable brasier déferlerait sur les troupes impériales, balayant tout sur son passage. Bientôt l'Empire et même les impitoyables Sith apprendraient la peur. Cette guerre ce ne seront ni les soldats, ni les Jedi qui la remporteront, cette guerre sera gagnée par ces myriades d'âmes courageuses et anonymes qui se dresseront et lutteront avec toute la force et toute la conviction de ceux qui se battent pour ce qu'ils croient juste, pour ce qui leur est cher.

Et partout dans la galaxie, d'autres capitaines se livraient aux mêmes manoeuvres que l'Hallali. Les jours de l'Empire étaient comptés.

Comme souvent Garm était accoudé au comptoir, discutant tranquillement avec Ophonomaï alors que Diâmant, juste à ses côtés semblait occupée à cuisiner un de ses compagnons, un dénommé Valare semblait-il au contrebandier. Fait inhabituel, un bon nombre de Corsaires était présent à la cantina ce soir là : le vieux Katsu, la solide Oph', l'espiègle Katoss et les deux piliers de bar : Liz' et Garm lui-même.

La nouvelle tomba soudainement, tant et si bien que les Corsaires s'ébranlèrent comme un seul homme ! Les agresseurs de Liz' avaient été repérés du côté de Tatooine, probablement aux alentours d'Anachore, le moment d'agir que le groupe avait tant attendu était enfin arrivé ! Garm avertit Diämant ainsi qu'Hintonn de la présence possible de Jedi noirs sur la planète désertique et ficha le camp de la station de la flotte en moins de temps qu'il n'en fallait pour le dire. Rapidement, une véritable petite armée se retrouva réunie au cœur de la cantina de la cité au spatioport d'Anachore, une armée dont les intentions étaient claires.

Le groupe hétéroclite de Corsaires semblait à couteaux tirés, armés jusqu'aux dents. Rodés par une routine bien connue d'eux, Spark et Garm flanquèrent les entrées dès leur arrivée, à moins de pouvoir se rendre invisible, personne ne pourrait pénétrer dans la salle souterraine sans se faire remarquer. S'était également déplacés la vive Chor'ann, l'ancienne esclave, Syl'une une consulaire aux méthodes pour le moins douteux ainsi que Catri, puissante dans la Force, mais éduquée à l'utilisation de ce pouvoir en dehors des lois du Conseil. Le Cartel Républicain s'était également déplacé en force puisque le sage Hintonn, le colérique Valare et la disciplinée Eole s'étaient déplacés en plus de Xha'Uxess qui servait de garde du corps à Liz' ainsi que de la délicate mais néanmoins déterminée Diämant. Un dernier larron était présent : Danis l'extragalactique, venu on ne saurait trop dire comment. Katsu ainsi qu'Ophonomaï avaient préféré rester à bord de leurs vaisseaux respectifs, gérant conjointement l'aspect stratégique de l'opération.

L'atmosphère était tendue, difficile de dire exactement quand les choses en viendraient à dégénérer, mais il ne faisait aucun doute que cela finirait par arriver. Garm s'inquiétait, il ne doutait pas que les Jedi du Cartel tenteraient de s'opposer aux Corsaires dont les méthodes pourraient bien les rebutter, mais la présence de Diämant l'angoissait tout autant, sentant son coeur se serrer à l'idée qu'elle puisse être blessée. En plus, ce n'est pas tous les jours que l'on se frottait à un Jedi Noir que l'on disait capable d'affronter sans férir plusieurs chevaliers et maîtres Jedi. Par le biais de leur canal sécurisé, Catri avertit ses coéquipiers : deux présences rayonnantes d'obscurité se faisaient ressentir à l'étage, sans doute au niveau de la rue, un implacable affrontement se préparait.

Et voilà que deux silhouettes se profilaient au sommet de l'escalier. Un homme et une femme que Garm n'avait jamais vus, bien que la femme avait plus ou moins la stature de la représentation holo qu'il avait entrevue. Les choses se déroulèrent alors rapidement. Engageant un étrange ballet, l'homme se mit à déambuler dans la pièce, observant l'assemblée de sous sa capuche. Les Corsaires feignaient une certaine décontraction mais chacun était prêt à se jeter bec et ongles sur l'étrange individu. Prudent, le contrebandier se contenta de le suivre à une distance respectueuse ne sachant pas vraiment à quoi s'attendre de leur part. L'homme s'approcha de Liz' et avec un aplomb qu'on aurait presque pu lui envier, il la menaça ouvertement devant l'ensemble des personnes présentes avant de tenter de rebrousser chemin. Chemin sur lequel se trouvait Garm, Diämant et Chor'ann : il leur fallait impérativement gagner du temps, ils devaient trouver un moyen de le neutraliser ! Jouant un coup de bluff, le contrebandier libéra le passage alors que Catri se préparait à assaillir le Jedi noir, une étrange chorégraphie se déroula alors sous les yeux des personnes présentes alors qu'un rapide affrontement avait lieu. Affrontement dans lequel Danis se jeta à corps perdu tandis que le Jedi Noir menaçait de démembrer quelques personnes, le contrebandier n'hésita pas un instant, l'invitant à découper l'extragalactique pour donner le temps à la petite coalition de le neutraliser. Soudainement, sans trop comprendre ce qui se passait, un à un les sabres s'éteignirent et les cellules de tibana des blasters semblèrent devenir inertes alors qu'un claquement sonore parvenait de la ceinture de Danis.

Ce crétin avait visiblement trouvé un moyen d'émettre une impulsion électromagnétique et si les Jedi n'étaient pas impuissants sans leurs armes, toutes les autres personnes se retrouvaient désormais démunies face à un ennemi redoutable ! Le salut vint finalement d'une arme archaïque dont Liz' ne se séparait jamais : un minuscule lance fléchette qui projeta son dard anesthésiant sur le Jedi Noir, le neutralisant juste assez longtemps pour que Spark, restée à à l'écart ait le temps de lui passer un collier d'esclave et de donner la télécommande à Garm. Commença alors la première phase de l'interrogatoire, phase lors de laquelle leur adversaire leur donna du fil à retordre tandis que Catri prenait Danis à partie. Syl'une tenta de sonder son esprit et leur ennemi parvint à lui faire perdre momentanément la raison la poussant à se ruer sur Hintonn, Garm eu tout juste le temps de la frapper aux côtes, la déstabilisant assez pour qu'Hintonn et Valare parviennent à la neutraliser. Inconscient du danger, Garm ne remarqua que trop tard Diämant qui braquait ses armes sur lui, avertit par Catri. D'une efficacité redoutable, les Jedi du Cartel se jetèrent sur elle, la désarmant promptement avant qu'elle ne perde connaissance, Valare bondissant pour mettre le contrebandier à terre. Saisissant l'occasion, le contrebandier lança la commande à Spark et le groupe d'indépendant prit la fuite avec le prisonnier tandis que le reste du Cartel avait le dos tourné, focalisés sur le malaise de leur compagne.

Llewy quant à elle parvint à prendre la fuite, profitant de la confusion qui régnait dans la cantina.

Alors qu'Hintonn et ses troupes rebroussaient chemin, Garm les rattrapa, rongé par une colère qu'il ne contenait que difficilement à l'égard de ces Jedi qui n'avaient su protéger et préparer Diämant. A son étonnement, le Maître lui confia la jeune femme qu'il porta jusqu'à l'Hallali où il la veilla jusqu'à son réveil. De leur côté, les compagnons d'armes de Garm avaient trainé leur prise jusqu'aux docks et l'avaient embarqué dans un des navires de la flottille.

Le contrebandier était rongé par l'inquiétude pour la jeune femme, une terreur sourde lui étreignait le coeur à l'idée que quoi que ce soit puisse lui arriver. Intérieurement, alors qu'elle se remettait, il se fit la promesse de se battre avec toute la pugnacité dont il était capable pour la protéger. Pour Garm elle était devenue une Corsaire, une amie. Et tellement plus.

Est-il nécessaire de préciser que l'interrogatoire à venir violerait de nombreuses lois en vigueur? Mais les Corsaires auraient leurs informations, quel qu'en soit le prix et ne faisaient que peu de cas des lois. Garm lui-même n'avait pas hésité un seul instant à utiliser le collier et Katsu avait choisi de s'occuper personnellement du problème, une mauvaise nouvelle pour le Jedi Noir. Est-il également nécessaire de préciser que par ses actes Danis avait manqué de ruiner l'opération, les mettant tous dans une situation particulièrement précaire en les prenant par surprise de la sorte? Garm qui avait déjà son lot de rancoeur à son encontre venait de passer à un autre stade. S'il en voulait aux Jedi de ne pas avoir pu préparer suffisamment Diämant à la rencontre, force lui était d'admettre qu'ils avaient fait leur possible. Mais Danis, par son acte inconsidéré les avait tous mis en danger, pire, il avait directement menacé la vie de plusieurs de ses amis, et cela, il ne pourrait pas le tolérer. Convaincu d'arriver avec des alliés il fallait bien que Danis admette que pour lui, la journée se terminait avec plusieurs nouveaux ennemis redoutables.

Par leurs actes et leur efficacité, s'il ne ressentait pas moins de la rancune à leur égard, le contrebandier devait bien reconnaitre que les Jedi du Cartel avaient gagné un peu de son respect.

Personne ne menace les Corsaires ou leurs alliés sans en subir les terribles conséquences.

Personne ne menacerait, même de loin, Diämant sans se faire un ennemi mortel.

Le message serait délivré, avec la plus extrême violence si cela s'avérait nécessaire. Le temps des démonstrations de force était venu.

La Liberté par les Armes !

Garm était préoccupé depuis le début de cette affaire. A vrai dire, si son assurance était jusque là d’une arrogance incroyable, il devait bien avouer qu’il commençait à douter depuis que Diämant avait réussi à lui arracher quelques informations concernant les Corsaires. Jusque là, ça ne lui posait pas plus de problème que ça, mais elle lui avait clairement dit qu’elle ne mentirait pas à Hintonn le concernant. Et lui, grand dadais transi d’amour n’avait rien trouvé de mieux à lui dire que l’inviter à faire ce qu’elle pensait juste.

En d’autres temps, d’autres lieux et avec une autre personne, on n’aurait jamais retrouvé son corps. Mais voilà que pour la première fois depuis longtemps, les Corsaires étaient menacés, toute leur initiative l’était. A cause de lui. Il commença à effacer l’ensemble du contenu de son manifeste de bord. Personne ne serait en mesure après ça de découvrir où il avait pu trainer ses pompes, personne ne remonterait à cause de lui vers les Corsaires et leurs alliés de l’ombre.

Regardant le symbole sur le mur de sa cabine de pilotage, le contrebandier poussa un soupir à fendre l’âme. Des années d’exploits anonymes remis en question pour l’amour d’une Mirialanne. La décision était prise, relevant la tête, son regard affichant une détermination farouche, le contrebandier commença à compulser les informations dont il disposait au sujet de la flotte en orbite autour de Dromund Kaas.

Si Diämant avait fini par parler, si Hintonn devait découvrir la vérité le concernant, alors il enterrerait toutes ces rumeurs avec une histoire qu’on raconterait dans tous les spatioports pour les décennies à venir. S’il le fallait, il deviendrait officiellement le seul et vrai Corsaire, il protègerait les siens, coûte que coûte.

Après tout, un dernier ballet avec la plus puissante des flottes impériales, comment rêver meilleure fin pour un des plus grands pilotes de son temps ? Une dernière et glorieuse chasse pour l’Hallali et son capitaine. Et parfois le chasseur finit tué par le sanglier.

EPISODE 4
ENQUETE ET JEUX D'INFLUENCES

L’exécution du sith avait eu lieu il y avait plusieurs jours. Lentement la tension au sein de la cantina retombait, les esprits se calmant. L’agitation avait été de courte durée finalement, mais l’enquête sur les responsables d’un tel évènement continuait, menée tambour battant par le commandant Elyse. Plus le temps passait, plus Garm se méfiait, trop d’informations avaient filtré, ils avaient peut-être manqué de prudence ou de discernement dans leurs activités.

Il était évident que Boutanche n’avait que peu de doutes sur les commanditaires de la démonstration, heureusement à l’heure actuelle il ne disposait pas de preuves suffisantes. Katsu quant à lui s’était longuement entretenu avec la jeune officier, et il était probable que de nombreuses informations avaient filtré, si le vieil homme ne les avait pas livrées ouvertement. Il cherchait à créer des alliances et à renforcer celles existantes, et si Garm devait reconnaitre la compétence d’Elyse, il ne s’en méfiait pas moins. Une des raisons qui motivaient cet état d’esprit était le lien qui se créait entre elle et l’étrange Jedi. Aucun doute que Boutanche voulait jouer au « docteur Jedi » avec la militaire, aucun doute non plus sur les activités de ce dernier, Garm aurait mis sa main au feu qu’il s’agissait d’un espion. A la solde de la Lumière Aveugle ou celle du Conseil, ce n’était pas encore tout à fait clair, mais le problème restait entier, d’autant plus qu’il n’ignorait pas l’ampleur du risque, surtout avec des confidences sur l’oreiller…

D’autre part, l’enquête avançait, doucement, mais elle avançait. Helizandra s’était enfin résolue à livrer les informations dont elle disposait. Le cyber-toutou de leur Jedi Noire préférée avait été entrevu sur Taris, en compagnie de mandaloriens. Pour son plus grand étonnement d’ailleurs, difficile de comprendre ce que ces clans de guerriers d’élite pouvaient bien ficher avec un meurtrier, pas bien doué au demeurant.

Hintonn, quant à lui, s’était longuement entretenu avec Elyse. A quel sujet ? Garm devait bien avouer qu’il n’en avait pas la moindre idée. Et pour augmenter encore un peu la tension à laquelle il était soumis voilà que Diämant lui annonçait sa participation à quelque obscure mission secrète avec son mentor Jedi. S’il n’y avait pas encore une de ces foutues histoires de chasse au sith là-dessous… Si Garm commençait à apprécier Hintonn, il restait pourtant évident que ce dernier était incapable de protéger la jeune Mirialanne contre l’influence mentale des pratiquants des arcanes siths.

Mais d’une certaine façon tout ça l’excitait terriblement. Tel un prédateur, il se glissait dans la foule, aux aguets. Feignant l’indifférence, il récoltait quelques informations de ci, de là, lorsque des interlocuteurs ne se méfiaient pas assez des oreilles indiscrètes. Avec l’habileté d’un homme qui a grandi dans les lieux les plus douteux, il se faufilait alors jusqu’à ses cibles. Graissant la patte de certaines personnes, en menaçant ouvertement d’autres. Hintonn en particulier était la cible de ces menaces, Jedi ou pas, mentor ou pas, il le hacherait menu s’il venait à révéler des informations cruciales sur les Corsaires aux autorités. Son destin serait encore bien plus sordide s’il s’avérait incapable de protéger Diämant.

Dans l’ombre, Katsu, fin tacticien, tirait les ficelles, usant de la diplomatie et de ses contacts pour faire danser la bonne marionnette au bon moment, ainsi que le souhaitaient les Corsaires. Manipulateur expert il récoltait les informations cruciales à la suite de l’opération avant de les délivrer aux autres membres de son organisation. Avec une habilité que n’importe qui lui aurait envié, il jouait de ses alliances, en créant de nouvelles, renforçant celles existantes, toujours dans le but de ramener les Corsaires sur le devant de la scène, les tenir prêts pour le jour où tout le monde devrait reconnaitre que derrière les terroristes se cachaient aussi un des plus grands atouts de la République dans la guerre à venir.

En attendant, Garm rôdait, dans ces cantinas bien proprettes il avait parfois l’impression d’être un Rancor au milieu d’un banquet végétarien. Et cela lui convenait parfaitement. Si plus d’une fois il avait dû réprimer l’envie de transformer certaines personnes en passoire, les plus attentifs n’avaient pu manquer les sourires carnassiers qu’il affichait de temps à autres. A sa façon aussi, le contrebandier manipulait et manœuvrait. Mais là où Katsu jouait au Dejarik, Garm était en chasse.

En menaçant Helizandra et Diämant, ce fameux Ghev, cette Jedi Noire et leur hypothétique maître avaient mis un coup de pied dans une fourmilière. Ils allaient apprendre à vérifier que les fourmis n’étaient pas du genre vindicatives et armées jusqu’aux dents.

Dans un sursaut, le contrebandier s’éveilla. Trempé de sueur, les cheveux plaqués contre le crâne, haletant. Pris d’un moment de panique, il chercha autour de lui, fouillant les draps, trouvant une place inoccupée à côté de lui. Il se souvint…

Theanu qui sommeillait dans méandres de la carlingue de l’Hallali fut tirée de sa torpeur en catastrophe alors que lui parvenait un unique hurlement inarticulé. Un cri qui semblait porter tout le désespoir et toute la colère de la galaxie. Elle ne put retenir un frisson, partagée entre la compassion et la peur que Garm lui inspiraient depuis son retour.

Garm était rentré la ville fourbu, les traits tirés, couvert de blessures. La gamine avait plus ou moins eu vent des évènements de la veille, le réseau d'informations des Corsaires était littéralement saturé de données concernant l'embuscade et le déroulement de l'opération.

Le tout avait démarré dans un ordre relatif, des membres du Cartel avaient rejoint Elyse et les Corsaires à la base d'Olaris sur Taris en prévision de l'opération qui les avaient tous menés ici : Ghev avait été repéré, accompagné de l'énigmatique Lixia et un groupe de combattants mandaloriens. A peine arrivés en vue de l'objectif, Elyse fut frappée de plein fouet à la gorge par un projectile à fragmentation, alors qu'elle s'effondrait dans un bruit de gargouillis, sans trop de difficultés, Helizandra et Garm parvinrent à la tirer à un abris relatif assistés par Boutanche. Liz' toujours aussi efficace en matière d'interventions d'urgence réussit à stabiliser son état le temps de la faire transférer jusque dans les mains expertes du Doc.

Le reste de l'équipe ne resta pas inactif, se ruant vers le couvert de Spark, Garm l'invita à entamer une approche. Se couvrant mutuellement, les Corsaires avançaient selon une mécanique bien huilée, se glissant d'abris en abris soumettant les mandaloriens à un feu nourri. Malgré quelques incidents mineurs dont un retour de grenade inattendu, la progression se fit avec efficacité et une certaine rapidité. Bien qu'organisés et entrainés, les mandaloriens eurent fort à faire avec la bande de truands soutenue par les Jedi du Cartel et Diamant qui s'était naturellement jointe à eux et avait su s'intégrer dans la stratégie générale. Dans ce sinistre et mortel jeu de chat et de la souris, l'équipe gagnait inexorablement du terrain, et malgré la tentative lamentable de fuite de Ghev ce dernier fut neutralisé par un tir expert de Spark. Rapidement ligoté et ses implants désactivés par un plot, le contrebandier eut un instant de panique : Diamant et Hintonn avaient disparu.

Accompagné de l'imposant Boutanche, il se rua à l'étage d'où parvenaient le bruit caractéristique des tirs de blasters. Encore une fois, les choses se déroulèrent avec une facilité relative, les mandaloriens furent rapidement éliminés. Commença alors le vrai combat. Pour la plus grande surprise Lixia semblait tenir tête sans la moindre difficulté à la véritable armée de Jedi réunis. Les vagues de Force se succédaient, les lames virevoltaient avec une grâce meurtrière, mais jamais un coup ne réussit à porter une attaque décisive. Et Diamant qui tentait toujours de s'approcher sans la moindre raison de leur antagoniste, quelque chose clochait, le contrebandier commençait à redouter que Lixia ne parviennent à assoir son emprise sur la jeune femme.

Sa peau le brûlait, sèche et craquelée alors qu'il se redressait : il venait de goûter à la foudre obscure de Lixia. Se redressant tant bien que mal, il réussit à tirer Diamant jusqu'à couvert secondé par Xha'Uxess. Toujours aussi décidé, une peur sourde commençait à lui enserrer le coeur. Et cette peur se mua lentement en terreur lorsqu'elle se dégagea de son étreinte pour retourner au contact de la Jedi Noire. Et vint le moment où elle lui donna du "Maître", à ce moment, quelque chose en Garm se brisa, lui faisant totalement perdre sa notion de la réalité, il se précipita en hurlant comme un sauvage vers Lixia, et fut réceptionné par un étranglement de Force. Soulevé à quelques pouces du sol, ses jambes étaient agitées par des spasmes alors qu'il luttait pour aspirer un peu d'air. Et pourtant, alors que sa trachée se comprimait inexorablement, il n'avait qu'une idée en tête : arracher sa dulcinée à leur adversaire, la tirer, de force s'il le fallait, loin de tout ça.

Les choses s'enchainèrent alors trop rapidement pour lui, il fut propulsé au loin comme un pantin désarticulé alors que Lixia prenait la fuite accompagnée de Diamant, toutes deux talonnées par Hintonn. Aveuglé par ses sentiments Garm n'attendit pas un instant de plus, à peine commençait-il à sentir l'oxygène qui alimentait à nouveau ses poumons qu'il se précipitait à leur suite. Au loin, il put entrevoir une dernière fois le trio avant d'être pris sous le feu nourri d'un petit groupe de mandaloriens embusqués à proximité. Couvert par Boutanche, le contrebandier n'y prêta finalement que peu d'attention et, impuissant, ne put que voir au loin la silhouette funeste d'une navette impériale s'éloigner dans un vrombissement.

S'en suivit une altercation mémorable entre Catri et Garm, l'adepte finissant par maitriser le contrebandier aveuglé par la rage à l'aide de la Force et par l'assommer. Boutanche transporta son corps sur ses puissantes épaules jusqu'au petit groupe qui s'était réuni un peu plus loin. L'étrange démence qui avait animé Garm s'était apaisée, laissant place à une colère froide. Une "alliée" avait osé se servir de la Force contre lui, ses "alliés" n'avaient rien fait pour secourir Hintonn et encore moins Diamant, ses "alliés" se gargarisaient de la capture d'un menu fretin alors que la véritable proie était libre, pire qu'elle disposait maintenant de deux otages. Et son opinion concernant les Jedi n'allait pas en s'améliorant : une véritable petite armée n'avait pas su maitriser une seule adversaire, ils n'avaient même pas été foutus de protéger une civile qui était venue leur porter main forte.

Ses années de "rapines" allaient porter leurs fruits, les contacts amassés au cours des aventures allaient s'avérer bien utiles. Son réseau, ses collègues allaient lui servir. Chaque personne qui lui devait une faveur serait mise à contribution si c'était nécessaire, mais il retrouverait les responsables de cette affaire et leur ferait payer tout ça. Il récupérerait Diamant, coûte que coûte.

Les Corsaires dans leur ensemble semblaient obnubilés par Ghev et par la convalescence d’Elyse. Si Garm s’inquiétait quelque peu pour cette dernière, le premier ne l’intéressait guère, ce qu’il avait à dire finirait inexorablement par arriver à ses oreilles. Il avait observé le Doc manipuler les diplomates et les têtes pensantes de tant d’institutions que Garm avait fini lui aussi par apprendre quelques tuyaux et le moment de les appliquer était venu.

Sa rage aveugle avait été remplacée par une colère froide, teintée d’une grande tristesse mais à aucun moment sa détermination ne devait faiblir. En son for intérieur, il devait reconnaitre que dans une certaine mesure il pouvait comprendre les choix de ses camarades, mais il ne parvenait pas à pardonner à Catri d’avoir employé la Force contre lui. Pire, il se sentait également trahi par les autres Corsaires. Alors que depuis des années ils s’employaient aux plus audacieuses stratégies, aux coups d’éclats les plus remarquables, voilà qu’ils reniaient ce pour quoi ils avaient fondé leur organisation : l’audace. Voilà qu’ils choisissaient la sécurité et abandonnaient deux précieux alliés dans les griffes d’un adversaire redoutable.

Il avait longuement conversé avec Ophonnamaï la veille, étrangement elle semblait presque le comprendre et aller en son sens. Mais il restait méfiant, redoutant une ruse de l’adepte pour laquelle elle travaillait. Il en jugerait en temps utiles. En attendant, depuis sa cabine, il contactait une à une toutes ses relations à travers la galaxie : forces de l’ordre sympathisantes, résistants de monde occupés, membres de différents cartels, contrebandiers, aventuriers de tous poils, il n’en oublia aucun, faisant même appel à un hutt qui lui devait une faveur depuis un bon bout de temps maintenant. Il allait glaner toutes les informations qui seraient disponibles, récolter la moindre bribe de données lui permettant d’avancer dans ses recherches. En désespoir de cause, il en arriva même à faire appel à un contact pour le moins… particulier et qu’il préférait ne pas voir se faire connaitre. Tous semblaient convaincus qu'il comptait se jeter dans la gueule du loup. Il ne ferait pas deux fois la même erreur, mieux, il ne friserait pas la bêtise des Jedi qui se croyaient assez nombreux, assez forts, assez sages.

Il se contenterait d'être plus rapide et plus malin.

La machine était lancée, cela prendrait un peu de temps, mais il ne doutait pas qu’à terme, les informations finiraient par tomber. Et il espérait que ces informations seraient « exclusives ». Restait maintenant à parler avec Elyse. Elle lui avait confié d’étranges missions et peu avant l’embuscade lui en avait proposé une autre. Habituellement grassement payé, ce coup ci il tenterait de monnayer ses services contre tout ce que la jeune commandant pourrait lui apprendre de plus. La veille, il avait appris que Satella, Xah’Uxess et le Doc avaient employé leurs pouvoirs pour guérir ses lésions les plus graves avant de la transporter sur Thyton. Foutue planète que Tython, placée au beau milieu d’un secteur où les routes changeaient presque chaque jour, tout changeait si vite au cœur du Noyau… Et remplie à en déborder par les Jedi.

Quittant sa cabine, il se dirigea vers le poste de pilotage, entrant les coordonnées de la planète il entama son voyage vers l’antre des adeptes de la Force, exploitant des cartes obtenues en toute… illégalité, une fois en orbite, il glisserait quelques noms et on ne tarderait pas trop à lui accorder un droit d’accostage. Certains Maîtres présents sur la planète lui devaient bien ça.

EPISODE 6
CRISTAUX ET DROLES D’ANIMAUX

Les doutes continuaient à ronger Garm. Une chose en particulier accaparait son esprit : pourquoi Diamant avait-elle semblée se jeter dans les bras de la Jedi Noire, pourquoi Hintonn n’avait-il rien fait pour la défendre ? C’était comme si tout cela était convenu depuis le début, comme si ce n’était qu’un plan plus grand dans lequel il n’était qu’un pion. Mais en attendant, il devait enquêter et garder les idées claires.

Pour le moment, son réseau tournait à plein régime, mais les informations tardaient à tomber, il avait besoin de se changer les idées, de s’occuper l’esprit ou il ne tarderait pas à faire un faux pas. Une colère aveugle l’avait déjà possédé pendant quelques jours au cours desquels il avait passé une bonne partie de son temps à prendre à partie la quasi-totalité des gens qu’il croisait, il devait se concentrer, trouver quelque chose, ou il n’aurait aucune chance de progresser si cette fureur éclatait à nouveau.


Menant une petite enquête, il cherchait une solution pour contrer, au moins en partie, ces immondes formes de possession que les Sith employaient. Profitant d’un détour sur Tython pour rendre visite à Elyse, il questionna de nombreux Jedi. Les réponses étaient évasives, allant du « il n’y a pas de protection » à « la méditation est la seule voie possible ». Imbéciles de Jedi pétris de leur prétendue sagesse. Le salut vint du colossal Boutanche qui finalement lui présenta un étrange homme, un mystique de sa connaissance du nom de Tsion’Hebb. Presque aussi imposant que Boutanche ce dernier dégageait une sérénité et un calme impressionnant, pour Garm cela confinait à quelque chose de malsain. Mais ce dernier avait une idée à lui proposer, selon lui, un antique rituel devait permettre de concevoir un objet puissant dans la Force à même de protéger quelqu’un, au moins, partiellement, de l’influence d’un Sith.

Commença alors une nouvelle quête pour le contrebandier. Rejoignant Boutanche sur Illum, ils s’aventurèrent dans les mystérieuses grottes de cristaux de la planète. A leur étonnement, sur place ils se retrouvèrent nez à nez avec des troupes impériales occupées à effectuer des forages et des prélèvements. Soit. Leur progression fut lente et pénible, rapidement les cristaux de glace et la poussière des concrétions se mêlèrent au sang. Mais ils progressèrent, tuant impitoyablement chaque adversaire qui se mettait en travers de leur chemin, Boutanche se battait comme un Rancor, frappant de toute la puissance de sa musculature il laissait derrière lui un chemin pavé de cadavres portant les stigmates de coups de sabre lasers, des corps désarticulés par la violence de ses frappes. Garm quant à lui ajustait chaque adversaire, soigneusement, calmement, abattant proprement chaque impérial d’un tir précis au visage ou dans le cœur.

Cette avancée difficile et périlleuse les mena au terme de leur aventure, sur un immense promontoire resplendissait un immense amas de cristaux d’un beau vert pâle, luisant doucement dans la pénombre de la grotte. D’après Boutanche ils seraient parfaits pour l’utilisation qu’ils leur destinaient. Prélevant deux échantillons de bonne taille, les deux aventuriers rebroussèrent chemin.

Restait maintenant la seconde partie de l’opération à remplir. Il leur fallait le sang d’une créature imprégnée par le pouvoir du Côté Obscur. D’après ses informations, sur Hoth il existait un titanesque félin du nom d’Aveugle des Neiges qui avait été le fruit de cruelles expériences. Le contrebandier ferait d’une pierre deux coups : il aurait son sang et abrègerait les souffrances de la bête.

Attirés par un prétexte fallacieux d’une requête provenant d’une riche mais excentrique industriel, quelques personnes se joignirent à lui. Répondirent présent Helizandra, Jöt, Katsu et Chor’ann. Ils s’adjoinrent les services de deux officiers de la firme de mercenariat de Mirage Strategics en les personnes d’Aliénor et Thorgis. Ils étaient peu nombreux, moins que ce qu’on leur avait conseillé. Mais chacun était déterminé et talentueux. Un long combat s’engagea.

Chacun connaissait son rôle à la perfection, Aliénor avec une expertise teintée de grâce occupait toute l’attention de la créature tandis que le reste de l’équipe délivrait sur elle un titanesque barrage de feu et de coups, la submergeant inexorablement alors qu’Helizandra et Katsu mettaient tous leurs talents à l’épreuve pour maintenir chaque combattant en étant de tenir le coup. A plusieurs occasions le monstre parvint à leur échapper, les obligeant à réengager le combat après l’avoir traqué pour le retrouver. Mais le plus difficile était ces moments ou la bête s’enfouissait sous la neige, soulevant de terrifiants nuages de poudreuse.

Les cristaux de glace et la neige tourbillonnaient avec violence, frappant les visages et les corps, mettant même les plus solides combattants à mal. La morsure du gel était cruelle, la sensation que Garm éprouvait lui évoquait des milliers de minuscules entailles dans sa chair, une véritable pluie de dagues gelées sur sa face. Ses yeux étaient secs, sa peau se fendillait sous l’effet du froid, et à leur expression, il ne faisait aucun doute que ses camarades enduraient le même calvaire. Mais tous tirent bon. Tous continuèrent le combat, et soudain le monstre s’effondra dans un hululement rauque. Et rien. Le silence. Un silence de mort, un silence qui semblait-il n’avait pas sa place en ces lieux après le chaos et la brutalité de l’affrontement, les cris, les mises en gardes, les détonations. Mais pourtant le silence. Garm contempla l’animal, éprouvant une pointe de regret, la créature était malgré tout noble, majestueuse. Mais c’était nécessaire. Il avait maintenant tout ce qui était nécessaire pour le fameux rituel.

Chacun regagna son vaisseau et à bord de l’Hallali, le contrebandier s’immergea dans le Kolto avec un soupir d’aise, bientôt il se sentirait un peu mieux. Ensuite, la dernière étape et au bout une minuscule lueur d'espoir. Minuscule mais bien réelle. Il avait peu de chances d'y arriver, mais il y avait aussi peu de chances qu'il réussisse à survivre à autant de combats, autant d'attaques sur des blocus impériaux, pourtant il était toujours en vie.

Aussi minuscule qu'était cette lueur, il s'y accrochait avec toute la détermination dont il était capable, il ne lui restait rien d'autre.

INTERLUDE
IT’S A KIND OF MAGIC

Les deux cristaux et son jeu de tubes de conservation d’échantillons biologiques en poche, le contrebandier avait rejoint une nouvelle fois Tython, sa nouvelle planète « préférée ». Tout bien considéré, les Jedi le mettaient effectivement plus mal à l’aise encore que les colicoïdes de Balmora. Sur place, il avait rallié Tsion’hebb et sa compagne Mystiruis. L’immense Jedi lui avait expliqué les tenants et aboutissants de la cérémonie ainsi que les étapes, dans les grandes largeurs.

Rapidement rejoints par plusieurs membres de la Lumière Aveugle, le petit groupe s’éloigna des chemins et sentiers pour s’égarer au cœur de la forêt tythonienne, le long d’un petit cours d’eau qui se précipitait non loin du haut d’une falaise, couvrant leurs paroles. L’étrange rituel se déroula sans heurts, comme imprégné de la sérénité des lieux. Sans trop en dire, le contrebandier se plia à toutes les exigences du groupe de Jedi, suivant les indications avec soin, animé par la seule volonté d’arriver à quelque chose au bout du compte.

D’abord terriblement tendu, empli de cette angoisse sourde qui l’habitait depuis la disparition de Diamant, cette chape qui l’oppressait le libéra, au moins un temps, alors qu’un à un, les Jedi tentaient de lui transmettre des idées positives à travers des images qu’ils voulaient apaisantes ou rassurantes. Il tiqua légèrement lorsque l’un d’eux parla de l’émotion que l’on ressent en revenant sur son monde natal, mais au fond, il comprenait l’idée.

Puis vint son tour de s’exprimer, pour lui. Il avait encore du mal à comprendre pourquoi ils avaient décidé de lui confectionner à lui aussi un cristal, mais il s’était plié à cette fantaisie. Qui sait ? Peut-être qu’il trouverait un moyen de le lier à celui qui irait à sa compagne. Tsion’hebb l’invita à exprimer lui aussi un « crédo » afin de lier l’objet à sa personne. Pas de formule romanesque ou d’image poétique, il exprima simplement et du mieux qu’il put la détermination farouche qu’il éprouvait, sa volonté de lutter comme un fauve acculé contre toute forme de menace à l’encontre des siens. Sous ses yeux le cristal changea doucement de couleur, comme une minuscule goutte de teinture tombant dans l’eau, une douce nuance se répandait dans la pierre la laissant avec une délicate teinte dorée. Les plus observateurs auraient sans difficulté remarqué à quel point la pierre semblait désormais identique aux yeux d’une jeune Mirialanne.

Vint le moment de prononcer un mot pour le second cristal. En temps normal ç’aurait été le rôle de sa destinatrice, mais à défaut ils se reposèrent sur Garm. Difficile de trouver les mots, et encore une fois, ce fut sans lyrisme, avec simplicité qu’il s’exprima. Devant ces inconnus il fit le vœu de se battre jusqu’à la retrouver, jusqu’à la libérer, à n’importe quel prix. Tsion’hebb le contemplait avec ce qui semblait être une forme de paternalisme étrange. Et quiconque avec deux sous de jugeote comprendrait le vrai sens des paroles de l’homme et les sentiments qui les avaient motivées. Encore une fois, le cristal sembla changer de couleur, mais étrangement, plutôt que se teindre, il sembla se délaver. D’abord inquiet de ce changement, Garm compris que la procédure était normale lorsqu’il atteint son état final. Plutôt que de couleur, la pierre était désormais d’une limpidité et d’une pureté incomparable, semblable aux plus beaux Diamants, de ceux que l’on ne trouvait que dans les plus profonds forages dans les mines d’astéroïdes.

Etrangement humble, le contrebandier les remercia, un à un, sans moqueries, sans piques, sans agressivité. Il s’éloigna enfin d’un pas alerte, les deux cristaux attachés à un simple lien de cuir, glissés sous sa chemise, contre son torse. La protection ne serait pas infaillible, on l’avait prévenu. De toute façon pour lui, aucune protection n’était imparable. Mais les simples amortisseurs balistiques glissés dans la doublure de sa combinaison l’avaient sauvé plus d’une fois. Si ce caillou ne fonctionnait qu’à moitié aussi bien qu’on lui avait promis, il serait déjà l’éternel débiteur des membres de la Lumière Aveugle.

Il ne lui restait plus qu'à reprendre son enquête. L'interrogatoire de Ghev aurait bientôt lieu, peut-être que de nouvelles pistes et réponses s'offriraient alors à lui.

EPISODE 7
NOUS AVONS LES MOYENS DE VOUS FAIRE PARLER

Les Corsaires s’étaient regroupés dans une de leurs nombreuses planques sur Nar Shaddaa, celle-là même où ils avaient interrogé le Jedi Noir quelques semaines auparavant. Il était temps de cuisiner leur nouveau prisonnier, ce fameux Ghev qui avait tenté d’assassiner Helizandra. Quelques représentants de la guilde étaient présents : Syl’une, Chor’ann, Catri, Spark, Helizandra mais aussi Garm. Le Doc occupé sur Voss à découvrir un moyen de lutter contre l’alchimie sith n’avait pu se déplacer mais avait donné son aval quant à la présence du colossal Boutanche.

Allant d’insultes en provocations, rapidement, il fut évident que le captif n’était pas du genre idéaliste. Un simple opportuniste, doué, mais qui au moins ne luttait pas pour une cause, ce qui arrangeait bien les affaires des Corsaires. Ils réalisèrent vite que le meilleur moyen de lui arracher des informations serait de tout simplement négocier. Et c’est ce qu’ils firent, un peu comme on marchande avec un hutt, autour d’un bon verre mais sans jamais baisser sa garde, les échanges, offres, menaces, rétractations s’entamèrent entre l’assassin et Garm.

De fil en aiguilles, les informations tombèrent, furent recoupées avec celles dont le groupe disposait déjà, vérifiée, confirmées pour certaines, infirmées pour d’autres. Restaient deux énigmes : le groupe était sur Taris pour récupérer des objets, vraisemblablement des artefacts du côté obscur, mais dans quel but ? L’autre question en suspens était de savoir pourquoi Lixia avait décidé de faire deux prisonniers, s’il s’agissait réellement de prisonniers et pas de quelque forme de complot, manigances ou trahison. L’interrogatoire prit une tournure inattendue lorsque sur un coup de bluff le contrebandier informa l’assassin de l’identité réelle de la personne sur laquelle il avait tiré. A cet instant l’homme si sûr de lui sembla se recroqueviller, dans une certaine mesure, Garm aurait presque eu pitié de ce colosse qui se roulait en boule comme un chiot battu.

Consignant soigneusement les informations, les Corsaires décidèrent d’honorer leur parole, d’ici un à deux jours, Ghev disposerait d’un vaisseau non immatriculé pour lui permettre de fuir ses poursuivants. Mais Helizandra ne l’entendait pas de cette oreille. Alors que l’interrogatoire touchait à sa fin, elle actionna un petit dispositif qui grilla les circuits corticaux du cyborg, ne laissant qu’une coquille vide. Liz’ venait de commettre une grave erreur, un manquement majeur à l’honneur du pavillon, elle aurait à en assumer les conséquences. Si Garm pouvait comprendre ce qui avait motivé son geste, il n’en restait pas moins qu’elle avait ouvertement contesté et enfreint une décision du Conseil des Corsaires.

Au cours de l’interrogatoire, Ghev avait mentionné une bande d’enfants, cachés sur Corellia dans un sous-sol. Même si l’assassin ne lui avait pas demandé, il s’en serait occupé, mais l’homme avait posé cette condition, et celle-ci était encore possible à respecter. Accompagné de Catri, il prit son envol vers Corellia, ils retrouveraient les enfants et les mettraient en sécurité. Ensuite, les Aînés se réuniraient pour débattre de la sanction à l’encontre de leur membre.

Pendant le trajet, le contrebandier se retrouva seul avec ses pensées, Theanu occupée à chouchouter les moteurs. Un doute insidieux commençait à emplir son cœur : selon Ghev, Lixia avait toujours une longueur d’avance, comme si elle savait pertinemment quels seraient les prochains mouvements de ses adversaires. Si une forme quelconque de prémonition de la Force pouvait l’expliquer, une trahison n’était pas exclue, et les comportements étranges d’Hintonn et Diamant alimentaient malheureusement cette thèse. La seule idée qu’elle ait pu le trahir lui était insupportable, mais les faits ne jouaient pas en sa faveur. C’est rongé par les doutes et l’inquiétude qu’il sortit de l’hyper-espace à proximité de Corellia.

Sa détermination ne faiblit pas pour autant. Il la retrouverait et il la sauverait. Elle pourrait alors lui expliquer, du moins, il l’espérait. Mais si elle en était incapable… Il songea un instant à se venger, mais cette simple idée le révulsait profondément. Il imaginait qu’il se contenterait de lui rendre sa liberté avant de partir de son côté. Mais si ça devait arriver, il se fit la promesse de ne plus jamais s’attacher de la sorte, à quiconque. Alimentant sa confiance en Diamant par ses sentiments, s’agrippant à l’espoir que tout avait une explication logique à ce qui s’était passé, le contrebandier poussa un long soupir avant de contacter les opérateurs du spatioport.

Foutrement difficile d’être amoureux de nos jours…

INTERLUDE
UN MOT PEUT TOUT CHANGER

Les Corsaires avaient, du moins pour le moment, refusé l'aide du Cartel, ne les jugeant pas dignes de confiance après les derniers évènements. Mais Valare avait confié au contrebandier une datapuce qui lui était destinée, un message de Diamant semblait-il.

Il le visionna. Plusieurs fois. Le contenu du message le laissait pantois. Theanu commençait à s'inquiéter, son patron n'était pas sorti de sa cabine depuis une bonne heure, et il n'y travaillait pas. Etrange... Comme à son habitude, elle se faufila dans les conduites d'aération et put assister à un spectacle qu'elle aurait pensé impossible.

Allongé sur le lit, le projecteur n'affichait pas les images habituelles de systèmes stellaires, juste la représentation d'une jeune mirialanne. Mais ce qui marqua profondément la jeune fille fut le spectacle que lui offrait Garm, silencieux, il s'était abimé dans la contemplation de l'image, rien de bien étonnant, si ce n'était qu'il lui semblait que l'homme avait versé une larme. Pas de grandes effusions non, mais il était indéniable qu'une goutte avait coulé le long de sa joue. Elle le savait avoir un grand coeur, mais elle n'aurait jamais imaginé le personnage si sûr de lui en temps normal s'abandonner de la sorte.

Elle réalisa l'importance, la rareté de ce moment et s'éloigna, sans un bruit, laissant l'homme seul avec ses sentiments. Garm était partagé, déchiré entre la tristesse qu'elle n'ait pas osé lui faire confiance mais il éprouvait aussi un soulagement infini, elle ne l'avait pas trahi. Lorsqu'il quitta sa cabine, son moral et sa détermination étaient au plus haut. Hier Katsu et lui avaient affirmé à Elyse qu'ils oseraient attaquer une planète impériale. A l'instant, Garm se sentait capable de l'attaquer seul et de remporter la bataille.

Il était temps de centraliser les informations, de les compiler, de les recouper. Il la retrouverait, il la sauverait et la ramènerait à bord de l'Hallali, il était même désormais déterminé à sauver Hintonn, même s'il n'hésiterait pas un instant à lui passer un foutu savon.

Aussi niaise que puisse sembler l'idée, il se lançait à corps perdu dans l'entreprise avec la conviction intime que rien ne pourrait se dresser entre elle et lui, pas avec les sentiments qu'il éprouvait pour elle.

INTERLUDE 2
REMINISCENCES

Les blasters claquaient, des grenades détonnaient, une fois de plus, Garm s’était foutu dans un drôle de pétrin. Lui et quelques Corsaires avaient pris d’assaut une petite station carcérale impériale à la demande du SIS. Sur place, ils ne devaient rencontrer qu’une résistance mineure et libérer quelques scientifiques qui auraient été utiles à un projet républicain visant à concevoir des torpilles capables de percer les blindages impériaux. Pas de républicains ni de prisonniers en fin de compte, à la place, un groupe d’hommes vêtus de capes et à l’allure sinistre. Des bouffons, sans aucun doute si on demandait son avis au contrebandier, mais rudement menaçants.

Le combat s’engagea en un clignement d’œil, rapidement les quelques troupes impériales tombèrent sous le feu des contrebandiers qui sautaient adroitement de couvert en couvert, usant de toute leur expertise pour défaire leurs ennemis. Mais ces imbéciles en capes et en cyclistes violets leur tenait tête, certains avaient dégainé ces foutus sabres lasers qui émettaient ce vrombissement sourd caractéristiques et déviaient les tirs. Ils s’approchaient inexorablement, et lorsqu’un des compères de Garm fut soulevé du sol, en gargouillant, tous comprirent qu’ils ne feraient pas le poids. Tentant de libérer leur compagnon en délivrant un barrage de tirs, ils prirent la résolution de s’enfuir à toutes jambes lorsqu’il cessa de se débattre, sa trachée s’écrasant avec un bruit mat et sinistre, ils ne pouvaient plus rien pour lui.

Et voilà comment il s’était retrouvé là, à courir comme un dératé dans des coursives, poursuivi par des siths. Ponctuellement, l’un de ses camarades s’envolait, tel une poupée de chiffon, et s’écrasait dans un bruit écoeurant d’os brisés contre les cloisons. Parfois, le sifflement d’un sabre lui parvenait aux oreilles, accompagné d’une odeur de chairs brulées alors qu’un des siths utilisait la Force pour projeter sa lame contre un de ses compagnons. De toutes parts les sirènes et les voyants d’alerte accompagnaient sa fuite, les hululements résonnaient, assourdissants, lui faisant perdre toute notion de temps alors qu’il fuyait à toutes jambes, le cœur battant à tout rompre.

Il déboucha dans le hangar qu’ils avaient pris d’assaut, leurs vaisseaux y étaient entreposés comme à leur arrivée, entourés de quelques cadavres épars sur le sol. Jetant un œil autour de lui, Garm réalisa qu’une seule des navettes reprendrait son envol, poussé par l’énergie du désespoir et une sacrée dose d’adrénaline, il parvint à atteindre le sas, activa le verrouillage de la rampe alors qu’il n’était pas encore à bord. Une fois à bord, l’intercom lui laissa entendre un hurlement de douleur. Visiblement, quelqu’un avait tenté de prendre la rampe pour le rejoindre alors qu’elle se refermait. Drôle d’idée.

L’Hallali prit majestueusement son envol alors que le contrebandier activait les systèmes de tir automatique, saturant le quai de rafales meurtrières avant de s’extraire dans le hurlement tonitruant de ses réacteurs. L’espace, enfin… Poussant un soupire de soulagement, Garm lança les calculs pour la trajectoire en hyper-espace, mais le répit fut de courte durée, déjà deux chasseurs de classe fureur jaillissaient hors de la structure de la station. Garm eut un sourire mauvais, au sol, la domination des sith était indéniable. Dans l’espace, c’était lui le prédateur.

Un surprenant ballet s’engagea, malgré sa taille imposante, l’Hallali virevoltait avec élégance, enchainant des manœuvres audacieuses et étranges, piqués, tonneaux, vrilles, esquivant avec une efficacité et une facilité qui confinaient à la magie les tirs des chasseurs. Tous canaux de communication ouverts, le contrebandier commença à se moquer cruellement des sith, leur lançant pique sur pique. Il n’eut aucune réponse, mais il fut évident que la stratégie était payante. Les deux chasseurs se faisaient plus agressifs, mais leurs pilotes commençaient également à faire des erreurs.

Jouant la proie, le contrebandier les laissa prendre confiance en eux, laissant de temps à autres un tir effleurer les boucliers déflecteurs de l’Hallali, et cette danse se prolongea quelques longues minutes, les tirs déchiraient l’obscurité de l’espace pour aller se perdre dans l’infini. Et soudain, la situation s’inversa, enchainant un piqué en vrille et un looping avec une vitesse et une agilité surprenante, l’Hallali se retrouva en position de faire feu, juste derrière les deux chasseurs. Ni d’une, ni deux, les canons délivrèrent leurs salves meurtrières, désintégrant les chasseurs dans une titanesque explosion et gerbe de débris à quelques maigres secondes d’intervalle.

Faisant demi-tour, reprenant la direction de la station, Garm ajusta les systèmes de visée et tira une torpille à protons accompagnée d’une petite salve de missiles sur le bâtiment. Il avait perdu de bons éléments là-dedans. Quelques amis même. Il leur devait bien un dernier et formidable feu d’artifices.

Poussant les moteurs à fond, la navette dépassa les projectiles et la station et passa en hyper-espace juste après que la bâtisse n’explose en silence dans son dos, magnifique et formidable boule de feu et de plasma. Il alla s’allonger sur sa couchette, le trajet jusqu’à Coruscant serait long, il avait besoin de repos, l’adrénaline quittant ses veines le laissait épuisé. Et des forces, il lui en faudrait pour passer un savon mémorable à un certain contact du SIS.

Garm avait la sensation de n'être qu'une gigantesque plaie. Malgré les soins d'urgence qu'il avait reçu, le sang continuait à suinter et imbibait ses vêtements. Son dos lui donnait l'impression d'avoir été labouré par les griffes d'un tigre Vorn, les tirs avaient réveillé d'anciennes blessures, les brûlures ravivé celles reçues lors du combat contre Lixia qui n'avaient pas encore totalement guéri. Il n'était pas peu fier de ce qu'il avait accompli : repousser une unité de Mandaloriens presque seul n'était pas donné à tout le monde, mais il en payait maintenant le prix alors qu'il avait la sensation cuisante qu'on lui fouraillait les entrailles avec un tisonnier brûlant.

Chaque mouvement le faisait grimacer, chaque pas était une petite épreuve, chaque inspiration lui donnait l'impression que ses poumons allaient exploser alors qu'il contenait difficilement la toux grasse de sang qu'il avait eue après qu'un mauvais tir ne le touche à la poitrine lui perforant certainement la plèvre. Se maintenant tant bien que mal aux structures métalliques d'anciennes machines de forage, il s'approcha de l'endroit d'où provenait le reste d'effervescence, ne voyant plus Diamant nulle part, il soupçonnait qu'elle en soit encore à l'origine.

Dans un état second, épuisé, il lui fut difficile de suivre l'ensemble des évènements, Boutanche s'obstinait à tenter de neutraliser Diamant aidé par Sheris. Garm sentit son coeur se serrer une première fois lorsqu'il réalisa que la jeune femme menaçait Hintonn : elle était toujours sous l'emprise du côté obscur comme l'attestaient ses yeux d'un noir inquiétant. Pire... Elle ne le reconnaissait pas. Elle semblait troublée par sa présence, mais rien n'y faisait, elle semblait incapable de le reconnaitre. Un peu comme lorsqu'on retrouve un très ancien compagnon, perdu de vue depuis des années : sa trogne vous rappelle quelque chose, mais impossible de le remettre. Bien conscient que c'était l'obscurité en elle qui parlait, il n'en était pas moins profondément attristé.

Finalement, les choses progressèrent, Hintonn fut "sauvé", séparé de Diamant, il s'effondra contre une paroi de la grotte. La jeune Mirialanne semblait quant à elle lutter du plus profond de son être contre la souillure du côté obscur. Soudain, quelque chose en elle changea, comme si ses muscles se détendaient, elle leva son joli visage, et alors qu'elle rouvrait les yeux, le contrebandier sentit un espoir incommensurable emplir son coeur alors que les prunelles de sa dulcinée avaient repris leur délicieuse couleur dorée. Espoir qui fut de courte durée : Se redressant, elle se précipita non pas vers lui, mais vers le meneur de son organisation.

A cet instant, quelque chose se cassa chez le contrebandier. Bien sûr, elle devait l'aimer, mais à ce moment, il prit conscience qu'il ne ferait toujours que passer en second. se redressant, tant bien que mal, sans un mot, sans grandes effusions comme il avait l'habitude d'en provoquer, il s'éloigna dans les méandres sombres de la grotte. Etrangement, Catri le suivit, inhabituellement compatissante, visiblement, d'une façon ou d'une autre, malgré son profond handicap social, elle semblait avoir perçu la détresse de son comparse. Silencieux, ils regagnèrent la surface.

Epuisé, physiquement brisé, moralement anéanti, il s'effondra, baigné par la chaleur des soleils jumeaux de Tatooine, leur caresse brûlante le réconfortant un peu, lui rendant un peu la sensation d'être "vivant". Sortant une flasque contenant un vieux et précieux cognac, il partagea ce breuvage rare et onéreux avec la Miraluka, l'alcool lui donnant l'impression de n'être qu'une passoire humaine alors qu'il lui incendiait les entrailles.

Discutant aux soleils, finalement, le reste du groupe finit par les rejoindre. Abandonnant les deux amants seuls, dans la chaleur, la douceur de la présence de Diamant apaisa quelque peu ses blessures et sa peine. Sa tendresse, comme un baume sur son coeur alors qu'il lui offrait ce mystérieux cristal que les membres de la Lumière Aveugle l'avaient aidé à concevoir.

Mais au fond, jamais il n'oublierait vers qui elle s'était ruée quand elle avait repris pleinement conscience... Mais au fond, c'était mieux que rien, non? Peut-être vallait-il mieux être second que rien du tout.

Elle semblait d’humeur radieuse, et après cette petite période où elle avait semblé hantée par les souvenirs de sa captivité, la voir ainsi réchauffait le cœur de Garm. Diamant, enjouée, riait et plaisantait avec légèreté. Naturellement, il restait clair que quelque chose la « travaillait », mais pour le moment elle semblait heureuse et il n’en fallait pas davantage au contrebandier, malgré les piques incessantes que ses partenaires dans le crime lui lançaient.

Mais rapidement, il fut évident que quelque chose ne tournait pas rond, elle se plaignait que tout sentait « fort », la tête lui tournait, elle semblait prise de vertiges. Et soudainement, sans prévenir, elle se précipita dans un coin peu fréquenté de la cantina de la flotte pour vomir, prise de violents hauts le cœur. Pas plus rassuré que ça, Garm la rattrapa, tentant de la supporter tant bien que mal, rapidement rejoint par Hintonn et Shadney qui devaient avoir assisté à toute la scène.

Toujours nauséeuse, rapidement ils procédèrent par élimination : pas de poison et probablement aucune infection récente… Par acquis de conscience, Shadney contacta sa sœur, Shandris, plus versée qu’elle dans les sciences médicales. Après un rapide examen sur place, celle-ci les gratifia du désormais consacré « je suis un Jedi, suivez moi dans mon vaisseau »… Un Defender, pas mal de mauvais souvenirs pou Garm… Enfin, une fois à bord, ils furent menés jusqu’à l’infirmerie où Shandris eut tout à loisir d’effectuer des examens plus approfondis, et la sanction tomba, telle un couperet.

Enceinte !

Garm n’en revenait pas, son inquiétude pour Diamant venait d’être chassée par une nouvelle qui le laissait complètement abasourdi. Comment était-ce arrivé ? Enfin… pas comment, ça il le savait, mais… Comment ?! Le contrebandier avait le regard hagard, observant tour à tour Shandris puis Diamant qui semblait quelque peu paniquée, comme à la recherche d’une réponse, d’un indice sur la façon d’agir, caressant tendrement la main de la mirialanne, comme pour la rassurer, et sans doute se rassurer lui-même un peu aussi.

Enceinte ?

Alors que Shandris indiquait à Diamant les précautions d’usage, Garm se reprenait doucement, retrouvait un peu de sa morgue habituelle, sans trop faire attention à ce qui se passait, totalement focalisé sur la nouvelle et sur sa compagne, ils se retrouvèrent rapidement à la flotte à nouveau. Il osa jusqu’à lui proposer de revenir à bord de l’Hallali, où l’étagère qu’elle avait utilisée un court moment était restée vide, le contrebandier nourrissant l’espoir qu’elle reviendrait n’ayant pas pu se résoudre à y mettre de ses affaires. Il se sentit presque transporté alors qu'elle souriait à son offre, leurs mots se croisant tandis qu'elle lui demandait si son "chez elle" n'était plus sur l'Hallali.

Discutant de la situation, l’idée faisait lentement son bonhomme de chemin. Garm rassura la jeune femme de son mieux, quelle que soit sa décision, il la soutiendrait. Le teigneux au grand cœur, papa ? Finalement… pourquoi pas ? Surtout avec elle…

Enceinte.

Pendant ce temps, à bord du Morloch, Catri fut brutalement tirée de sa méditation par une sensation terrible qui l’assaillit, Ophonamaï, toute proche sursauta.

« Ben alors, t’arrive quoi patronne ?
- Je… Je ne sais pas, j’ai ressenti comme un grand trouble dans la Force… »

Ricanant, le soldat la toisa avant de reprendre :

« Un grand trouble hein ? Comme si des millions de voix hurlaient à l’unisson avant de se taire toutes en même temps ?
- Non… non, plutôt comme une… menace. Diffuse et incertaine…
- Les Sith ?
- Non, pas vraiment… Tu sais un peu… un peu comme quand Garm est d’humeur joueuse dans une cantina, ce moment terrible où tu croises son regard et que tu comprends que…
- Ouais, je vois… qu’une avalanche de catastrophes va déferler, je vois très bien. Et juste après il est occupé à insulter les Jedi et à gueuler à tue-tête devant des soldats en perm’ que le Sénat et l’Etat Major sont un ramassis de tires au flanc corrompus… »

Les deux femmes se regardèrent mutuellement, Catri sentit distinctement un frisson d’appréhension parcourir sa nuque alors qu’Oph’ semblait terriblement tendue, comme avant une vilaine bataille.

Le terminal holocom de l’Hallali résonna dans tout le vaisseau, un appel important pour que toutes les consoles com de bord retransmettent la tonalité d’appel. Le contrebandier, assis à son bureau prit la communication, et dans la seconde se matérialisait devant lui la représentation holo d’un hutt. Garm retint un soupir, il savait parfaitement de quoi il s’agissait.

Pour sauver Diamant, il avait dû engager de fortes sommes, contracter de nombreuses dettes afin de soudoyer les bonnes personnes, rémunérer ses informateurs, acheter les fournitures nécessaires à l’expédition finale. Seulement les crédits ne tombent pas du ciel, et la déconfiture habituelle de Garm en la matière l’avait déservi. Du coup, il lui avait été imposé de signer des engagements financiers auprès d’individus peu recommandables et il était maintenant nécessaire de rembourser ce qui était dû.

L’appel fut bref, le message concis : payer ou manger les pissenlits par la racine. Heureusement, il avait prévu le coup, en plus de quelques petits boulots, il avait décidé de vendre une partie des équipements non indispensables de l’Hallali. La communication terminée, il se leva en poussant un soupir, pour liquider sa dette, il lui fallait vendre une dernière chose.

Baissant les diffuseurs de luminosité, il s’assit sur le lit et activa le dispositif holo de sa cabine. La pièce fut rapidement baignée d’une douce lueur bleutée, les systèmes solaires se mirent à défiler sur l’affichage tridimensionnel, il se payait un dernier petit voyage avec son jouet bien-aimé. Après un petit moment, il coupa la diffusion, remonta la luminosité ambiante et se redressa. Avec une petite caresse, presque affectueuse sur le projecteur, il débrancha le module, enroula soigneusement les câbles, et se dirigea vers le sas de l’Hallali, le dispositif sous le bras. Il en tirerait un bon prix, il le savait, il pourrait alors finir de régler ses dettes et cette histoire toucherait enfin à sa conclusion.

S'en séparer le peinait un peu, mais... le jeu en valait la peine, il le faisait sans la plus petite ombre de regret, ç'aurait été nécessaire qu'il aurait revendu l'Hallali pour la retrouver.

EPISODE 9
OU COMMENT TUER QUELQU'UN EN PUBLIC SANS POUVOIR ETRE INQUIETE

La cantina de la flotte. Comme souvent Garm sortait d’une discussion houleuse avec un usager quelconque, le petit plaisir coupable du contrebandier. Et une voix résonna dans son dos « baiseur de sith ». Cette voix, il la connaissait, trop bien même : Lixia. Il perdit totalement son sang froid, blême de rage il se dirigea vers « l’ancienne sith ». Oubliant sa crainte, son aversion pour les adeptes obscurs de la Force, les menaces ne tardèrent pas à fuser. D’abord discrètes, l’insolence de Lixia le poussa à les formuler de façon à peine masquée.

Et elle menaça ouvertement Diamant et le bébé. Le contrebandier sombra dans une rage noire, se retenant uniquement de l’abattre sur place, ou au moins de tenter, à cause des témoins, Sheris, Boutanche et un soldat du nom d’Uoldar. S’il frémissait de colère jusque là, il s’était mué en un véritable torrent rugissant de haine et de fureur. Elle avait osé menacer sa famille, cette chienne qui déjà lui avait arraché une fois Diamant, s’il avait été sensible à la Force, on l’aurait senti crépiter d’énergie à des lieux à la ronde. Il la tuerait, par n’importe quel moyen. Les Corsaires étaient déjà allés au-delà de leur devoir vis-à-vis d’elle, de son point de vue, il ne devait plus rien à personne dans cette histoire, ni les Jedi, ni Elyse.

Boutanche et Sheris sermonnaient Lixia, se dressant entre eux, comme pour tenter d’empêcher les deux fortes têtes de se jeter à la gorge l’un de l’autre. Et soudain, une ouverture, pas spécialement coutumier des combats au corps à corps, Garm mis à profit ses maigres connaissances en rixe de rades, et balança un violent crochet du droit à Lixia, en pleine tempe, la laissant chancelante, étourdie. Réagissant instinctivement, elle l’étrangla avec la Force, le soulevant du sol. D’une main alors qu’il tentait de se libérer de cette étreinte invisible, il porta la seconde à une de ses armes et tenta de faire feu. Il ne crèverait pas, pas comme ça, pas maintenant. Sa vision se brouillait, le sang battait dans ses tempes comme un titanesque tambour, ses membres lui semblaient lourds et gourds. Son tir ricocha à un bon mètre, la décharge heurtant le sol sans faire plus de dommages. Lixia encore sonnée, ne parvint pas à maintenir l’étreinte, relâchant Garm.

Boutanche tenta alors de plus belle de la calmer. Pour Garm, le message était clair : quoi qu’elle dise, elle réagissait encore en sith, elle ne serait jamais une Jedi. Sheris tenta même de la dissuader d’user de violence, usant de la Force pour essayer de la convaincre de retourner sur Tython, mais Lixia, experte en manipulation mentale contra aisément l’assaut, laissant Sheris s’effondrer sur le sol en proie à la contre-attaque. Devenue Corsaire, elle méritait toute la considération de Garm qui lui tendit une main pour l’aider à se redresser, sans se moquer, puis reporta toute son attention sur la sith.

De provocations en insultes il alimenta sa colère, sa frustration, évoquant le père, la sœur. De piques en mesquineries il l’aiguillonna tandis que Sheris, Boutanche et Uoldar tentaient tant bien que mal de l’apaiser. Vint un moment où sa colère fut telle qu’elle exhorta Garm à la tuer. Brandissant son arme, il la mit en joue. Uoldar, massif, tenta de s’interposer, mais la vivacité féline du contrebandier jouait pour lui, et d’une rapide flexion de son corps, il parvint à tirer vers elle, le tir de blaster frôlant son visage. Il n’était pas assez idiot pour la tuer. Du moins pas ici, ni maintenant. Mesquin, il lui fit remarquer que si elle voulait mourir, si la vie lui était si insupportable, elle n’avait qu’à en finir, elle-même.

Lixia se saisit à ce moment de son sabre, l’allumant elle le porta à sa gorge, Sheris parvenant in extremis à la désarmer. Mais Garm ne l’entendait pas de la sorte, saisissant une petite lame utilitaire à sa ceinture, il la lança à la sith, qui avec un calme étonnant planta le petit couteau dans sa gorge, endommageant sa jugulaire, presque sereine, elle tint les trois autres participants en respect avant de s’effondrer. Malgré les tentatives de Sheris et Uoldar pour la stabiliser, elle se vidait inexorablement de son sang sous le regard presque peiné de Boutanche et celui, froid, d’un Garm étonné qu’elle en soit arrivée là, l’imaginant plus… volontaire.

Finalement, les deux infirmiers de fortune furent incapables de la sauver, et Lixia rejoignit la Force, selon l’adage. Les deux Jedi et le soldat semblaient… peinés, ce qui étonnait Garm après la démonstration d’incapacité à maîtriser sa nature de la sith. Lui n’éprouvait aucune joie, peut-être juste de la satisfaction, mais surtout le soulagement d’avoir détruit une menace. Une menace pour les Corsaires, mais aussi une menace pour les deux êtres qui lui importaient le plus. Il se contenta donc de gratifier le cadavre d’un magistral coup de pied et de quelques insultes, libérant toute cette colère, cette frustration accumulée, sous le regard désapprobateur des autres personnes présentes. Mais il s’en moquait, sa famille était sauve.

Sa famille… une idée qui le troublait presque, voilà bien longtemps que sa seule « famille » était un ramassis de fous furieux, d’activistes et d’intégristes. Et s’il tenait sincèrement à chacun d’eux, là il s’agissait de quelque chose de différent, de plus… cher. Une vraie famille, comme il ne pensait pas en ravoir un jour. Prenant le chemin de l’Hallali, cette idée lui tournait dans la tête, et plus il y pensait, plus deux choses s’imposaient à lui. D’abord une implacable, une impitoyable résolution d’écraser quiconque les menaceraient. Derrière cette violence, une autre sensation, plus étrange, de la joie. Pas celle de la mission bien accomplie, pas celle de briser un blocus impérial ou de voir un ami revenir d’une mission périlleuse. Quelque chose de différent, de nouveau. Quelque chose de difficile à définir.

Peut-être la sensation d’avoir enfin trouvé sa place dans cette galaxie en guerre. Ou simplement d’avoir enfin la sensation d’avoir un endroit à appeler « chez-soi ». Pas vraiment un lieu d’ailleurs, juste la compagnie de Diamant qui lui donnait cette sensation.

L’impression enfin d’avoir peut-être finalement trouvé un but. Naturellement, ses idéaux, sa volonté de lutter contre l’oppresseur impérial n’avaient pas bougé d’un iota. Mais venait s’y greffer un besoin, presque vital, de la protéger, et surtout, de la voir sourire.